Ophélie Abchiche : « Le joker est utilisé, nous n’avons donc plus droit à l’erreur. »

C’est avec beaucoup d’impatience et d’ambitions que nous attendions ce Rallye du Touquet, première manche du Clio Trophy 2022. Je crois que je viens en une seule phrase de mettre le doigt sur ce qui nous aura finalement conduits à la catastrophe… l’impatience et l’ambition, deux mots qui ne font pas bon ménage avec la réussite. Retour sur un Rallye comme on aimerait ne plus jamais en vivre…

Ce Rallye était peut-être pour nous le plus redouté d’entre tous. Force est de constater que les terrains très rapides (Touquet, Cœur de France) ne sont pas ceux qui nous réussissent le mieux. Ce fut le cas, dans l’ancien temps, lors nos époques Swift et Adam, mais depuis, nous avons vieilli de 10 ans, fait de belles sorties à haute vitesse et gagné au moins 60 chevaux avec la Clio. Nous savions que nous ne serions certainement pas les meilleurs, mais nous ne pensions pas faire autant d’erreurs et griller notre joker dès la première épreuve.

Notre activité professionnelle ne nous aura malheureusement pas permise de participer à une séance d’essais avant la course, c’est donc uniquement au Shakedown que nous avons pu reprendre nos marques à bord de la Clio. Malgré un manque de roulage évident, celui-ci se concluait sur de bonnes sensations et un excellent travail de réglages. Tous les éléments semblaient réunis pour que la course se déroule pour le mieux.

Vendredi, le Rallye est enfin lancé. Nous partons sur un rythme « moyen », sans toutefois être catastrophique. 6ème temps du Clio Trophy dans l’ES1, à « seulement » 4 secondes du scratch de Tom Pieri. Pas de surprises, le niveau est élevé, les écarts sont minces. Encore une course qui s’annonce intense et pleine de surprises. Nous ne sommes pas « ravis » du chrono, mais nous sommes quand même dans le wagon de tête, l’objectif est rempli.

Dans la 2ème spéciale, nous réalisons le 3ème temps à 2,3s du scratch de Thomas Chauffray. Remontant pour l’occasion 3ème du classement général. Nous sommes contents de nous, l’objectif était le podium, nous y sommes… mais le Rallye est encore extrêmement long.

Nous partons également sur un bon rythme dans le dernier chrono de la boucle. Malheureusement, un freinage un peu tardif avant une chicane nous octroie directement un diplôme d’agriculture, option « nourrissage du bétail » par validation des acquis. Environ 10 secondes perdus dans la manœuvre. Nous reculons 5ème du Clio Trophy. C’est dommage, mais rien n’est perdu. A ce propos… on s’excuse pour l’arrêt de course (oups !)

Dans la première spéciale de la boucle de nuit, nous nous faisons vraiment plaisir. L’attaque est là et le chrono également. 4ème temps à 1,4s du scratch de Styve Juif.

Trop d’erreurs dans l’ES5 : nous frisons la correctionnelle dans un virage tapis de graviers à haute vitesse… s’en suit une déconcentration puis, un tout droit dans une échappatoire après une note mal écoutée (vous savez, le tout droit qui nécessite une marche arrière, qui a évidemment du mal à passer et un chrono qui semble tourner plus vite que d’habitude). Le rythme devait être là puisque malgré tout, nous réalisons le 6ème temps à 14s du scratch. On est d’accord, un bon rythme ne sers à rien si c’est pour faire 10 erreurs par spéciale (oui, j’aime bien exagérer).

Dans l’ES6, c’est le pompon de la journée (pour une fois ce n’est pas notre faute)… nous rattrapons dans la spéciale la voiture du Directeur d’ES… nous restons derrière lui pendant plusieurs kilomètres avant de pouvoir le doubler. Situation totalement interstellaire et incompréhensible (sans oser dire dangereuse)… je ne m’étendrai pas sur le sujet puisqu’au final on ne sait pas vraiment ce qu’il s’est passé. Si ce n’est que la spéciale « aurait » été neutralisée derrière nous et qu’un cafouillage aurait envoyé cette voiture devant. On nous a ensuite parlé d’un régime de drapeau blanc, mais les commissaires n’en étant pas équipés, ils nous auraient présenté un drapeau jaune… bref, personne n’a rien compris… nous terminons la spéciale à 18s du scratch.

La soirée se termine à la Direction de Course pour une demande de temps forfaitaire. Malgré la présentation de notre vidéo embarquée, il n’y aura pas de suite (nous n’avons en tout cas eu aucunes nouvelles jusqu’à notre abandon). Compte-tenu de la suite des événements, cela n’a aujourd’hui pas une grande importance… cependant, par curiosité, j’aimerai un jour savoir ce qu’il s’est réellement passé et pourquoi le temps forfaitaire nous a été refusé.

Après quelques petites heures de sommeil, il est temps d’attaquer la seconde étape. Celle-ci démarre au petit matin avec la Powerstage du Clio Trophy (ça réveille !). Nous attaquons mais sans prendre trop (ni assez) de risques : 7ème temps.

Nous sommes toujours à ce moment-là 5ème du Clio Trophy. Trop loin du 4ème pour espérer jouer quelque chose à la régulière. Trop loin du 6ème pour prendre des risques inconsidérés. Il va falloir assurer toute la journée pour maintenir cette place jusqu’au bout… et là, c’est le début des ennuis… je crois en fait que nous n’en sommes pas capables ! Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toujours, à chaque fois (et je dis bien à chaque fois) que nous avons décidé « d’assurer » pour finir… il nous est arrivé quelque chose… encore une fois, ça n’aura pas loupé !

Dans l’ES8, c’est l’erreur (presque) fatale. Dans une partie rapide, la Clio décroche dans une corde. Nous faisons une 720° en l’air (oui oui, 2 fois 360°)… dans une épreuve de patinage artistique, on aurait pris des points ! Malheureusement, entre les deux 360, la voiture percute un talus… nous avons quand même de la chance dans notre malheur, nous avons tous les deux crus que nous allions détruire la Clio (la pauvre)… c’est un miracle !

A l’arrivée de la spéciale, nous constatons que le flexible du radiateur de boîte est arraché et que celle-ci se vide de son huile. Petite réparation de fortune et nous repartons vite au départ de la spéciale suivante (évidemment, c’est toujours dans ces moments là qu’il n’y a pas de marge sur le temps de routier). Dans la précipitation, nous oublions de fermer le capot (les pieds nickelés font du Rallye…) et bam… un pare-brise ! Nous avons également déjanté (tant qu’à faire), nous choisissons de changer la roue en zone pour ne pas prendre de pénalité. Il va donc maintenant falloir s’envoyer 3 spéciales, sans rien voir, avec une voiture quelque peu amochée.

Nous terminons la boucle, par miracle, toujours 5ème du Clio Trophy, sans le moindre pointage en retard. L’équipe nous attends au parc de regroupement pour changer le pare-brise. Nous sommes déterminés à finir le Rallye à cette place. Malheureusement, sur le routier qui nous conduit au parc, la boîte se mets à faire un bruit plus qu’inquiétant, nous contraignants à jouer la prudence et à nous arrêter là (c’est cher une boîte)…

C’est une grande déception pour nous et l’équipe. Mais c’est entièrement notre faute, à trop vouloir bien faire, nous avons été contre-productifs. Trop d’ambitions, trop de pression, trop de visionnage de vidéos (qui conduisent à une hausse du rythme, à du « par-cœur » et finalement à de la déconcentration qui n’est pas spécialement dans nos habitudes).

Le point positif de l’histoire est que nous n’avons plus à nous poser de questions. Le joker est utilisé (pour rappel, le moins bon résultat de l’année est décompté du résultat final), nous n’avons donc plus droit à l’erreur. Nous n’allons rien promettre si ce n’est que nous allons continuer à faire de notre mieux (enfin, recommencer plutôt, nous allons tenter de ne pas poursuivre sur cette lancée) et revoir notre stratégie… finalement quand nous venions sur les rallyes en « touristes » sans vraiment avoir d’ambitions, cela fonctionnait… peut-être sommes nous inconsciemment très mauvais en gestion de la pression (même si nous nous la mettons tout seuls).

Espérons que ces prises de conscience paieront sur la prochaine manche.

Merci à Fun Meca Sport d’être toujours là malgré nos erreurs. Merci à nos quelques partenaires. Merci à toutes les personnes qui nous suivent, nous soutiennent et croient en nous, nous espérons ne pas encore vous décevoir. Merci à Renault Sport et aux autres concurrents du Clio Trophy qui nous permettent de passer des week-ends vraiment sympas.

Maintenant, rendez-vous au mois de Mai au Rallye d’Antibes. Un nouveau défi puisque nous n’avons participé qu’une seule fois à cette épreuve, en 2011. Nous en gardons néanmoins un très bon souvenir, que ce soit par son accueil, son organisation et la beauté de ses spéciales. Nous avons hâte d’y être. En attendant, beaucoup de boulot et enfin (après 2 ans), quelques vacances pour être bien reposés pour la suite de la saison !

Rendez-vous dans 2 mois !

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